"Seeking Haven for Mr. Rambo" : quand la bravoure animale dépasse celle des hommes !
Certains de nos compatriotes sont déçus par leur pays. D'autres ont vu leurs ambitions, démesurées pour certains, s'écraser sur une réalité sans appel et se retrouvent au bout du rouleau au point de ne plus vouloir agir dans le milieu social dans lequel ils sont inscrits. C'est en ceci que le film "À la recherche d'un refuge pour M. Rambo" intéresse dans la mesure où il montre l'impuissance des personnages et leurs frustrations. Ce long-métrage a été diffusé lors de la 35ᵉ édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). Ce film a bel et bien participé à plusieurs festivals, notamment à Venise en Italie, à la mer Rouge en Arabie Saoudite. Il est l'œuvre du metteur en scène égyptien Khaled Mansour.
Le film
Ce film "À la recherche d'un refuge pour M. Rambo" (NDLR) a remporté plusieurs prix au Festival du film méditerranéen, Cinemamed, en Belgique. Sa conception et sa production ont duré environ huit ans. Durant 1 h et 40 minutes, cette fiction raconte le parcours de Hassan pour sauver son chien de la velléité d'assassinat de son voisin Karem. Alors que ce dernier veut les expulser, l'animal et sa mère, du modeste appartement qu'ils habitent ; la bête, dénommée Rambo, pour défendre son maitre et son domicile, n'a pas hésité à répondre à l'agression en attaquant Karem. Encore un petit détail : le chien avait mordu ce dernier dans une zone sensible : son appareil génital.
À partir de cet instant, le film prend une autre tournure : comment Karem vengera-t-il la perte de sa virilité ? Et comment Hassan, sauvera-t-il son brave chien de la loi du talion s'apprêteant à s'abattre sur lui ?
Le film montre comment Hassan essaie de cacher le chien pendant quelques jours, chez un ami ou une connaissance. Cette protection n'est pas facile, car le chien est toujours la cible d'exploitation. Par exemple, l'une des personnes ayant promis de s'occuper de lui avait l'intention de l'exploiter financièrement dans des combats de molosse.
Cependant, une lueur d'espoir apparaît lorsque Hassan trouve un refuge. L'endroit semble si bien que la bête commence à nouer des relations avec les chiens présents dans cet abri. Cette trêve, toutefois, ne dura pas longtemps. Karem ne tarde pas à se présenter, un jour, et tire une balle dans l'œil de l'animal. Comment une créature pourrait-elle vivre avec un seul œil ? Comment regarderait-elle Hassan ? Peut-être que Dieu lui permet juste de voir sa misère à moitié, sa taille et son museau aussi.
Hassan décide finalement de se défaire de lui-même et de ses souvenirs de Rambo, la solution : faire voyager la bête à l'étranger. La suite doit être visionnée, en regardant le film.
Rambo est-il le reflet d'Hassan ?
Karem, la victime du chien, ne parait pas généreux dans ses relations, notamment lorsqu'il tente de faire partir Hassan et sa mère de la maison. Hassan, quant à lui, semble un individu asocial et ne déniche pas un sens à sa vie. La vulnérabilité l'a visitée, car trop immobile. Seul Rambo, le chien, entrouvre une perspective à sa vie en défendant l'honneur de son maitre. Même Hassan, il était tellement pacifiste qu'il ne prenait position contre rien. Le film incite à poser cette question : comment être pacifiste face à une agression ? Celle-ci est représentée par un propriétaire obstiné à virer sa mère de la maison, désireux de se venger de son chien. Le personnage de Hassan attire par son manque d'actions et par son impassibilité. Sa non-violence n'était-elle pas en réalité une grosse faiblesse ?
Le film montre que cette approche pacifique est, en vérité, une absence de résistance, une permissivité à outrance, une absence de force et de vigueur et finalement une absence de volonté. Ce manque d'engagement, face à l'adversité de la vie, ne met pas le personnage à l'abri des problèmes, mais plutôt en confrontation permanente à des difficultés.
Ainsi, quoi de plus violent que ce que vit Hassan, un simple ouvrier vivant avec sa mère dans un appartement délabré ? Mais de cet endroit maudit, le propriétaire veut, tout de même, les faire expulser. Sur un autre registre, même la fille qu'il admirait tant, n'osait pas lui réclamer son amour, pour découvrir, au bout du compte, qu'elle s'est fiancée.
Hassan dans le film incarne donc le personnage de l'homme arabe écrasé par les contraintes économiques, familiales et professionnelles. C'est un être égaré et embourbé dans une modernité agressive, en recherche d'échappatoire, de milieux sociaux meilleurs, d'autres perspectives et pourquoi pas des lendemains qui chantent. Film au final à voir, car bourré de sensibilités, d'autant plus montrant la bravoure de l'animal : Rambo. Celle-ci surpasse celle des hommes. Ainsi, l'idée de ce long métrage est très originale, sa mise en œuvre est très fluide et les messages qu'il véhicule percutants.
Inspiré de l'article d'Amine Ben Hlel : https://lc.cx/c-bO44
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